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Nina Cammelli

Nina Cammelli

FAVORISER LES TERRITOIRES D’ÉCHANGE DESIGN-ORGANISATION

Une exploration de l'innovation au sein des organisations à travers le prisme de la rencontre entre design et métiers traditionnels de l'organisation.


Cette thèse plonge au cœur d’une interrogation : comment mieux faire travailler de concert les designers et les non designers, afin de favoriser l’émergence d'une innovation réellement innovante?

Au fil de mes expériences professionnelles, j'ai constaté les défis que rencontrent les designers et les membres traditionnels des organisations lorsqu'ils tentent de communiquer et de collaborer.

Dans cette quête d'équilibre délicat, au travers d'une exploration minutieuse, alimentée par des lectures et des échanges avec des professionnels, je propose des pistes de solutions, pour adoucir et favoriser la rencontre de ces deux mondes. 


Cette étude va au-delà de la juxtaposition de disciplines ; elle soulève des questions sur le rôle du design dans les sociétés contemporaine. En proposant des outils et des grilles de lecture, j’aspire à offrir une perspective nouvelle sur la façon dont le design peut enrichir et transformer les pratiques au sein des entreprises, tout en tendant à faire dialoguer l'essence créative et novatrice du design et l'essence business des organisations.

Immersion:

COMMENT SE PASSE LE RECOURS AU DESIGN POUR L’INNOVATION AU SEIN DES ORGANISATION?
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Figure 1: «Cartographie du terrain d’investigation», réalisée par Nina Cammelli, 2023

Cette phase d’immersion, qui avait pour but de répondre à la question : Comment se passe le recours design pour l’innovation au sein des organisations ?

 

Pour cela, nous partions de deux hypothèses ;

la première étant qu’il est complexe pour un designer d’être accepté sur de telles problématiques car il existe des incompréhensions fortes et des a priori tenaces entre le monde du design et de l’organisation, qu’il conviendra de faire disparaitre pour favoriser un travail conjoint bénéfique à la qualité du travail des designers comme aux capacités d’adaptation des organisations au contexte social, environnemental, économique, etc...

La seconde hypothèse étant que l’une des clés de réussite de l’approche stratégique du design réside dans la temporalité de son implication dans la démarche de l’organisation.

 

Ces deux hypothèses ont été confirmées par les différents entretiens. L’incompréhension soutenue par la première hypothèse est observée très largement et trouve ses premiers fondements dans le fait qu’il existe des a priori tenaces entre designers et métiers classiques de l’organisation, a priori renforcés par la méconnaissance mutuelle et la méconnaissance des outils, savoirs faire et compétences des uns par les autres, allant jusqu’à insister les designers à dissimuler leur identité de designer pour ne pas subir l’image négative que leur métier véhicule pour les non designers ou à insister les personnes en responsabilité à imposer une manière de gérer le projet au designers, par conviction que cette unique manière est le bonne.

La question de la temporalité soulevée par la seconde hypothèse est également confirmée, car les designers tendent à trouver qu’ils arrivent toujours trop tard sur les projets, ce qui limite grandement leur marge de manœuvre, et ce qui a pour conséquences qu’ils n’ont plus d’autres possibilités que d’exécuter des actions qui ont déjà été définies par d’autres.

 

Néanmoins, bien que ces deux hypothèses aient été vérifiées, cette phase d’immersion a permis de mettre en évidence un troisième fait, qui n’était pas évoqué par les hypothèses de départ : l’innovation, comme le design au sein des organisation sont soumis à une lecture constante au regard des indicateurs traditionnels du business.

Cela signifie que tout projet, toute recherche est évaluée par le prisme de la rentabilité (quel ROI espérer), par le prisme des coûts et des bénéfices attendus (moindres pour les coûts et les plus rapides possibles pour les bénéfices). Ce prisme de la rentabilité, qui comme nous l’abordions, a fragilisé bon nombre de laboratoires d’innovation, entraine une recherche d’optimisation de l’innovation, passant notamment par une réduction au maximum des risques : un projet d’innovation doit être « dé-risqué au maximum », il est nécessaire de savoir dès le début du process où va l’innovation et ce qu’elle va trouver.

Or, bien que la définition de l’innovation ne fasse pas l’unanimité parmi les personnes interrogées, un élément qui revient systématiquement est celui de la nouveauté, et cette nouveauté ne peut émerger dans un contexte contraint, où l’on sait déjà ce qui adviendra demain, à la fin d’un processus censé donner de l’innovation.

 

Il apparait donc, à la lumière de cette phase d’entretiens, qu’en plus de devoir trouver un terrain d’entente sur la définition de ce qui doit être fait en innovation, et un terrain d’entente sur les délais et temporalités d’intervention du design, il soit essentiel de trouver une manière pour que l’innovation en organisation ne soit plus inféodée à des logiques business (dans les premières phases de réflexion des projets, car il est essentiel de réussir néanmoins à faire exister les propositions dans un cadre économiquement viable) qui invariablement conduisent à de la non innovation, tout au plus à de l’innovation incrémentale.

Analyse et formalisation :

COMMENT FAVORISER L’INNOVATION PAR LE DESIGN DANS LES ORGANISATIONS ?

Figure 2: «Cartographie des typologies d’acteurs de l’innovation observés en entretien». réalisée par Nina Cammelli, 2023

Une analyse poussée des entretiens, permet de classer les structures des personnes interrogées en quatre grands groupes :

  • les agences de design-innovation,

  • les laboratoires d’innovation indépendants de l’organisation,

  • les laboratoires d’innovation inféodés à la direction innovation,

  • et les pôles d’innovation au service de l’organisation.

A la lumière de cette classification (observable sur la figure 2, et détaillée dans le tableau ci-dessous), il apparait que dans les contextes d'innovation interne et de plus grande liberté d'action , les designers et non designers réussissent mieux à travailler de concert (les détails sont à retrouver dans le manuscrit).

GROUPES IDENTIFIES

CARACTERISTIQUES SPECIFIQUES (NON PARTAGEES PAR LES AUTRES)

LES AGENCES DE DESIGN-INNOVATION

externe, au service du client

Processus créatif contraint:

• Le rapport au client rend le designer entièrement dépendant de l’avis du client, exigeant une planification en amont du projet, stricte et sans dérogation (livrables, étapes, temporalités, implication des parties).

• Le designer est limité politiquement dans sa capacité à réinterroger les problématiques suggérées par le client.

• Difficulté à intégrer Friction et veille dans une démarche calibrée

• Cadre de travail planifié à la contractualisation

LABORATOIRES D’INNOVATION agissant comme un acteur indépendant de l’organisation, et libre de ses choix de projet

Fort pouvoir de négociation du lab:

• Possibilité de revoir et repenser les sujets soumis

• Grille d’analyse poussée pour acceptation des projets

• Négociation sur les ressources allouées par le commanditaire

 

Évaluation exclusive de la satisfaction du commanditaire en aval

LABORATOIRE D’INNOVATION

au service de la direction innovation

Direction Autocratique des Sujets:

• Choix des sujets issus de demandes de la direction

• Perception du design comme un acteur de validation, créant des prototypes visuellement forts..

• Image de l’Innovation Axée sur le Business et la Conformité

 

Équipe Innovatrice qui tend à atténuer la contrainte de la direction:

• Explorant au-delà des attentes de la direction

• Dissimulation d’actions à la direction pour préserver la marge de manœuvre.

• Designer qui noue des alliances stratégiques

 

Communication proactive des designers pour défendre leur cause.

• Création d’événements et d’ateliers pour sensibiliser les équipes au design, favorisant le bouche-à-oreille positif.

• Bricolage avec les faibles fonds alloués

POLE D’INNOVATION

au service de l’organisation

Engagement Stratégique de la direction au service de l’intégration du design

• Conscience que l’innovation doit impliquer tous les maillons de l’organisation.

• Gestion des craintes et a priori des métiers envers les designers

• Valorisation du design et des équipes.

 

Diversité des sources d’innovation:

• Encouragement la diversité de provenance des sujets d’innovation

• Qualification des projets selon des critères non uniquement financiers.

Ces quatre groupes ont des divergences de fonctionnement et des différences dans la manière de traiter l’interface avec le commanditaire des projets.

Malgré les grandes différences qu’il existe dans chaque groupe, et même au sein des groupes, selon l’implication de la hiérarchie et selon le niveau de maturité au design, il existe des points communs, en termes de ce qui fonctionne et qui pourraient être envisagés comme les bases du travail commun, un socle, entre designers et non designers.

Ce que l’on observe avec ce socle, c’est qu’aucun de ses points n’a pour essence les éléments de contrôle habituels de l’organisation, pas d’objectifs de rentabilité, pas de données monétaires, il s’agit uniquement d’éléments destinés à faciliter les rapports humains, entre collaborateurs, mais aussi vis à vis des utilisateurs.

Cela est d’autant plus intéressant que, nous le voyions dans le premier chapitre, l’innovation et le design sont sans cesse évalués par des prismes de rentabilité. Aurions-nous identifié ici un autre langage permettant d’intégrer le design aux organisations ? Concluons ici avec cette citation : «Organizations in order to take advantage of the specific competence of designers need to change their members’ hierarchical thinking and notion of power», qui nous invite à repenser le mode de fonctionnement des organisations et leur rapport à la hiérarchie.

IMAGINER ET EQUIPER L’EVOLUTION DU LANGAGE ENTRE DESIGN ET ORGANISATION, EN FAVEUR DE L’INNOVATION

Ce dernier chapitre, que je détaillerai plus longuement lors d'articles à venir (notamment les premiers tests issus de cette première création)  apporte une grille de lecture transverse aux grilles de lectures habituelles des projets d’innovation, qui sont, nous l’abordions précédemment, portées par des critères de rentabilité.

 

Les grilles de lecture, que j'ai imaginées, visent à nourrir l’évaluation de la qualité de l’échange design-organisation au service de l’innovation, en se basant sur des critères plus qualitatifs et plus humains. Celles-ci sont destinées à évaluer, de façon rapide, son organisation au regard de critères (les trois roues) afin de percevoir les forces et faiblesses du dialogue design-organisation au regard de ces roues. Une fois les constatations effectuées, les managers et directions pourront puiser, dans les tableaux, des actions pour y remédier et mieux intégrer le design dans l’innovation en organisation.

 

Points de vigilance : Il conviendra de veiller à un dialogue permanent entre les différents niveaux de la pyramide pour ne pas tomber dans l’écueil d’un surdimensionnement du haut ou du bas de celle-ci. Étapes suivantes : Afin de s’assurer de la bonne mise en place des recommandations et de leur efficience, il conviendra de mettre en place des outils d’évaluation permettant de se guider et de faire la preuve des résultats obtenus tant en faveur de l’innovation, du design que de l’organisation.

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